Je suis sûr que vous m'aviez oublié, jeunes gens. Pourtant je suis là, je veille. Elle a écrit quelques trucs, ces derniers temps, mais vraiment pas grand chose. Elle relache ses efforts. Je n'apprécie pas. En tant que webmaster-conseiller, je me dois d'être productif. Vous comprenez? PRO-DU-CTIF ! Ce blog a déjà plus d'un mois, et il n'y a qu'une douzaine d'articles... Que dois-je faire pour qu'elle s'y mette sérieusement? L'engueuler? Je crois que je n'en suis pas capable. La refiler à un de mes collègues, qui sera plus compétent et plus sévère envers elle? Non, elle ne mérite pas ça.
Non, vraiment, comprenez-moi. Ma vie est dure, vous savez. Ouah, l'autre dites donc! Quoi? Mais tu es là, toi? Evidemment, il me semblait avoir entendu que nous étions plus ou moins indisociables, tous les deux, non? Euh, ben... moui. Mais alors tu m'écoutes depuis tout à l'heure? Oui, oui. Je me taisais, mais là ça a été plus fort que moi. Je n'ai pas pu m'empêcher de réagir. Mais on peut reprendre là où on en était, comme si je n'avais rien dit. Alors comme ça la vie est dure?! C'est ça, fais moi passer pour un crétin! Je rêve! Tu te fous de moi, en plus! Non. Non, je... compatis. Je préfère. Non, mais sérieusement, tu ne sais pas ce que c'est, toi que d'être webmaster. J'ai une hiérachie, figure toi. Et elle me demande des comptes. Elle me donne mes "clients" (dont toi et une quarantaine d'autres bloggeurs), je dois les aider à créer et à entretenir leurs blogs. Je suis payé selon le nombre d'articles que mes clients postent par mois, le nombres de commentaires et le taux de visite. C'est pour ça que je dois être productif. Tu sais, tu me causes pas mal d'ennuis... d'abord, tu ne me rapportes pas grand-chose. Si ce n'était que ça, encore, ça irait. Il y a aussi ma réputation de webmaster qui est en jeu. Si je te jure. Nous, les webmasters, on est classés. C'est presque stalinien comme système, quand j'y pense. On a les "meilleurs webmasters du mois", tu vois le genre. Si je t'abandonne et que je te cède à un collègue, je baisse dans le classement. Mais si je te garde trop longtemps, et que tu ne deviens pas plus productive, je perds aussi des places. Et si au bout d'un certain temps ma hiérachie s'aperçoit que j'ai un client peu rentable, elle va de toute façon l'attribuer à un autre webmaster, avec en plus, une perte de place dans le classement pour le motif "ne sait pas reconnaitre son incapacité" . En fait, je ne sais plus quoi faire. Face à ton cas, j'aimerais pouvoir jetter l'éponge mais je n'y arrive pas. Et tu sais pourquoi? Parce que si je jette l'éponge, je ne pourrais plus m'exprimer, puisque tu es la seule de mes clientes qui me laisse parler.
(silence)
Oui, et bien je ne sais pas quoi dire. C'est que ces paroles m'émeuvent (joli, mon verbe conjugué, là, non?). Enfin, ça vire quand même un peu mélo, je trouve. Mais je comprends. On a tous nos moments de déprime. J'aimerais vraiment pouvoir dire que je vais faire un effort, écrire plus, ce genre de choses, mais ce serait promettre, et je suis incapable de promettre quoi que ce soit vu qu'après il faut tenir ses promesses. Je préfère ne rien promettre. Et là je pense à (devinez qui...) mon prof de philo! Ce charmant bonhomme qui dirait que les promesses n'engagent que ceux qui les croient... Haha, très drôle. Et bah je préfère dire "je ferais ce que bon me semblera". et toc!