Pour chacun des objets, je cherche un éventuel propriétaire ; même si cela suppose de se mettre dans l'attitude du voyeur, la personne est généralement contente de recevoir un mail l'informant que l'on a retrouvé ce qu'elle a perdu. Les cahiers ne portent pas de noms, hélas. Pour les autres objets, il est inutile de chercher. Reste le livre ; je remarque pour la première fois une dédicace sur la première page.
It's the story of this
prisoner I told you
about.
Sorry for not
nursing you
Roberto Zucco the
other day.
prisoner I told you
about.
Sorry for not
nursing you
Roberto Zucco the
other day.
Et en bas à droite, un prénom masculin
et une date.
et une date.
Et je remarque pour la première fois, à la fin du livre, insérée entre la dernière page et la couverture, l'une de ces plaquettes que l'on récupère en sortant d'un photomaton. Quatre photos, quatre poses ; sur chaque photo, une femme d'une cinquantaine d'année et un homme plus jeune, auquel je ne parviens pourtant pas à donner un âge. Ils sourient, ouvrent de grands yeux. Font les pitres ; ils ressemblent à deux collégiens.
Mais cette femme, cette femme brune aux lèvres si fines, je la reconnais soudain ; je lui ai envoyé un email ce matin. Un jour, alors que je déjeunais avec l'une de ses amies, elle nous a rejoint pour prendre un café. Mon café avalé, je me suis vue prier, assez peu finement, de plier bagage ; un peu comme quand deux grands renvoient un plus petit jouer au bac à sable. Evidemment, je n'avais rien à faire dans leur conversation ; moi-même je me sentais déjà de trop. Mais finalement, peut-être que ces photos et cette dédicace sont plus terribles que les histoires qu'elles se sont racontées.
J'ai le vertige. Une vie insoupçonnée se dévoile légèrement, mais d'un seul coup, sans crier gare. Et je ne peux qu'imaginer des choses...