asphalte-et-cumulus

je ne vous connais pas, je vous frôle, là sur le quai, épaule contre épaule

Jeudi 31 mai 2012 à 17:43

A la bibliothèque, on a un carton pour les Lost and Found (les objets trouvés). Comme c'est la fin du semestre, je regarde ce qui reste à l'intérieur : un cintre (ça fait deux ans), des pinces pour les cheveux (ça fait deux ans aussi), des écouteurs emmêlés, un grand cahier à spirale taché par du café, un joli cahier noir moleskine et un exemplaire de Roberto Zucco, dont la couverture est elle aussi tachée. Mais de quoi? De vin rosé? Ou d'eau, tout simplement? Ce livre est là depuis plusieurs mois, je l'ai déjà vu et je dois avouer que s'il n'était pas dans un état aussi lamentable, je l'aurais subrepticement subtilisé pour mon usage personnel. L'intérieur est comme neuf. Mais la couverture tachée est vraiment impossible.

Pour chacun des objets, je cherche un éventuel propriétaire ; même si cela suppose de se mettre dans l'attitude du voyeur, la personne est généralement contente de recevoir un mail l'informant que l'on a retrouvé ce qu'elle a perdu. Les cahiers ne portent pas de noms, hélas. Pour les autres objets, il est inutile de chercher. Reste le livre ; je remarque pour la première fois une dédicace sur la première page.

It's the story of this
prisoner I told you
about.



Sorry for not
nursing you

Roberto Zucco the
other day.


Et en bas à droite, un prénom masculin
et une date.

Et je remarque pour la première fois, à la fin du livre, insérée entre la dernière page et la couverture, l'une de ces plaquettes que l'on récupère en sortant d'un photomaton. Quatre photos, quatre poses ; sur chaque photo, une femme d'une cinquantaine d'année et un homme plus jeune, auquel je ne parviens pourtant pas à donner un âge. Ils sourient, ouvrent de grands yeux. Font les pitres ; ils ressemblent à deux collégiens.
Mais cette femme, cette femme brune aux lèvres si fines, je la reconnais soudain ; je lui ai envoyé un email ce matin. Un jour, alors que je déjeunais avec l'une de ses amies, elle nous a rejoint pour prendre un café. Mon café avalé, je me suis vue prier, assez peu finement, de plier bagage ; un peu comme quand deux grands renvoient un plus petit jouer au bac à sable. Evidemment, je n'avais rien à faire dans leur conversation ; moi-même je me sentais déjà de trop. Mais finalement, peut-être que ces photos et cette dédicace sont plus terribles que les histoires qu'elles se sont racontées.

J'ai le vertige. Une vie insoupçonnée se dévoile légèrement, mais d'un seul coup, sans crier gare. Et je ne peux qu'imaginer des choses...

tous les cris les s.o.s

crache ton venin

Aucun commentaire n'a encore été ajouté !
 

crache ton venin









Commentaire :








Votre adresse IP sera enregistrée pour des raisons de sécurité.
 

La discussion continue ailleurs...

Pour faire un rétrolien sur cet article :
http://asphalte-et-cumulus.cowblog.fr/trackback/3188253

 

<< yesterday | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | pensons à l'avenir >>

Créer un podcast