asphalte-et-cumulus

je ne vous connais pas, je vous frôle, là sur le quai, épaule contre épaule

Jeudi 30 août 2007 à 21:23




Le webmaster n'est pas content. J'ai rien posté depuis... depuis trop longtemps. Alors j'ai décidé de le contenter. Une image, même pas piquée sur internet, et un nouvel article, n'excédant pas les trois lignes. Rendez-vous compte un peu !

Dimanche 19 août 2007 à 20:17

J'ai vu un super film l'autre jour.

Là, vous avez plusieurs réactions possibles. Vous pouvez penser "mais je m'en fiche, moi", ou bien " quelle banalité ! Encore une qui parle ciné... la barbe !" ou bien "chouette alors, je vais découvrir un nouveau film. A moins que je ne l'ai déjà vu, et dans ce cas,  j'aurais l'opinion d'une autre personne, ce qui sera tout aussi intéressant". Perso, je vous conseille de penser ma dernière proposition. C'est ce qu'on appelle la positive attitude. Mais je ne veux surtout pas vous influencer...

Alors maintenant que je suis un peu sortie du sujet, j'y reviens. Oui, il serait temps. On n'a pas encore le titre de ce film qui est soit disant très bien. Madame commence à dire qu'elle a vu un bon film, et au bout de cinq lignes, elle ne nous en a toujours pas donné le titre. Non mais je vous jure ! C'est bon, c'est bon, il arrive, ce titre. Le titre de mon film, donc (ou plutôt le titre du DVD du film que j'ai emprunté à la bibliothèque avec une carte d'abonné qui n'est pas la mienne), c'est Casablanca. C'est un film qui se passe pendant la seconde guerre mondiale, et qui, contrairement a beaucoup, a été tourné pendant la seconde guerre mondiale. Rien que pour ça, il vaut le coup. Parce qu'on a trop l'habitude de voir des films sur la seconde guerre mondiale tournés après qu'elle ait eu lieu. Evidemment, ces films sont intéressants, parce que les réalisateurs ont pu prendre le recul nécessaire à la compréhension et à l'analyse des événements qui se sont produits. Mais cela n'est vrai que pour les films tournés après les années 75 (et encore...), puisque les films précédents n'ont montré que les côtés les plus "glorieux" de la guerre (la résistance, le débarquement, des batailles décisives où les hommes se sont sacrifiés pour la patrie). Minute, papillon ! Je rêve où on a droit à un joli copier-coller du cours d'histoire de  terminale L ? Hum, euh... ce n'est pas du copier-coller, c'est du ingurgiter-recracher ; ingurgité pendant l'année, recraché dès que l'occasion se présente. Cela dit, il est vrai que je m'éloigne de mon sujet principal. Donc, Casblanca, film tourné pendant la seconde guerre mondiale, disais-je. Oui, certes. Pourquoi c'est intéressant ? A mon avis, parce que ça peut donner un aperçu assez réaliste de l'état d'esprit des gens durant la guerre. Il y a quelque chose que j'ai bizarrement trouvé étrange. dans ce film : les héros répètent assez souvent que le monde est fou. Et bien j'ai beau réfléchir aux autres films que j'ai vu sur la seconde guerre mondiale, je ne me souviens pas que les personnages insistent autant sur cette folie, sur cette absurdité de la guerre. Bizarre, parce que j'ai l'impression que moi, c'est la première chose qui me viendrait à l'esprit... Ce qu'il y a d'intéressant, aussi, c'est qu'évidemment, l'intrigue se déroule à Casblanca. Casablanca, à l'époque, appartenait à la France, et était sous le contrôle de Vichy. Par conséquent, certains Français sont allés s'y réfugier lorsque les Allemands se sont mis à occupper la partie nord du territoire. Bien sûr, ils ne doivent pas être si nombreux à y être allés ; j'imagine mal des gens traverser toute la partie sud de la France, puis la Méditerranée  en temps de guerre. Enfin bon, c'est peut être parce que j'ai vu trop de films où les héros allaient trouver refuge en "zone libre", ou, dans le meuilleur des cas, en Suisse. Bref, tout ça, c'est pour l'intérêt de ce film par rapport aux autres films sur la seconde guerre mondiale. Ensuite, je pourrais vous parler de l'aspect esthétique du film. Je suis très loin d'être une connaisseuse en la matière, mais il m'a semblé que (pardonnez la trivialité de mes mots) c'était joli. Oui, disons le franchement comme ça, c'est joli. Je crois que je vais suivre ici l'idée de mon cousin selon laquelle il est plus facile de faire une photo en noir et blanc qu'une photo en couleur. Ce qui est vrai pour la photo est vrai aussi pour le film. Paraîtrait que ce serait parce que l'harmonie des couleurs est plus simple à réussir en noir et blanc... Je veux bien. Enfin bon, c'est vrai que parfois, je rechigne un peu à voir des vieux films, mais celui-là "passe très bien". De toute façon, j'aime mieux voir un film en noir et blanc qu'un film "début-couleur". Le noir at blanc, au moins, c'est net. Le début-couleur... berk ! Allez, pour terminer cet article, je vais parler d'une des scènes du film. Il s'agit d'un moment où des Allemands sont entrés dans le café que tient le personnage principal, et ont commencé à chanter une chanson de leur pays (leur hymne ? certainement, mais je ne suis pas assez calée pour l'affirmer). Là, le héros ordonne à ses musiciens de jouer la Marseillaise. Tout le café se met à chanter l'hymne français, pour couvrir la chanson allemande. En gros, un moment de patriotisme exalté. Mais un moment qui m'a fait rire. Au passage, je dois dire que Casablanca n'est pas dénué d'humour, loin de là. Cependant, il paraît évident que cette scène n'était pas censée être drôle. A mon avis, il s'agit plutôt d'une scène sur l'espoir de vaincre l'ennemi nazi, mélée d'un fort sentiment de solidarité entre des opprimés, sentiment de solidarité basé sur une des rares choses qu'ils aient encore en commun, leur patrie. Bon. Donc cette scène m'a fait rire. Immédiatement, je me suis reprise. Voyons, on ne rit pas devant un truc pareil, le patriotisme a parfois du bon, et puis des hommes qui chantent, c'est toujours émouvant. Voilà le genre de trucs que j'ai pu me dire pour revenir à la raison. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais il m'a semblé qu'il ne fallait pas rire pendant cette scène. Ce n'est pas ce que le réalisateur aurait voulu. D'ailleurs, cette scène est vraiment chouette, rien que pour ces gens qui chantent. C'aurait juste été mieux (pour moi) s'ils avaient chanté le chant des partisans. Je le préfère à la Marseillaise. Mais bon, inconcevable, parce que c'est un film américain, et que d'ailleurs, cette scène est l'un des rares moments du film où les gens (censés être français) parlent en français. La Marseillaise, tout le monde connaît, y compris les Américains. Le chant des partisans, c'est beaucoup moins évident. Bref. Revenons à nos moutons. Après m'être raisonnée, et empêchée de rire, je me suis dit que finalement, il y avait peut être une part de juste dans mon rire instinctif. Peut être que ce rire venait justement de l'absurdité de la guerre, de la folie des hommes (comme le répètent les héros) ; est-ce que le fait de vouloir chanter un chant national plus fort que l'autre ne serait pas une des plus brillantes illustrations de cette absurdité ?

http://fr.wikipedia.org/wiki/Casablanca_(film)

Vendredi 10 août 2007 à 22:41

Le guide :  Hum hum... Je vais vous demander de vous rapprocher un peu, de manière à ce que je puisse ne pas parler trop fort, afin de ne pas gêner les autres groupes. (un temps). Bien. Vous avez ici nos deux dernières acquisitions, qui sont, dois-je le préciser, deux très belles pièces. Achetées d'occasion chez notre principal fournisseur d'oeuvres d'art, à un prix défiant toute concurrence, et cependant dans un très bon état de conservation, vous pouvez tout d'abord admirer à votre gauche Pars vite et reviens tard, de Fred Vargas, puis à votre droite La Métamorphose de Franz Kafka. Pars vite et reviens tard a d'abord subi une petite restauration au feutre noir, afin de lui redonner sa couleur originale, et fera bientôt parti des oeuvres classées comme "admirées avec attention", dès que nous aurons le temps de l'étudier de plus près. Il est en effet utile de rappeler à notre aimable public que nous nous concentrons en ce moment sur l'étude d'oeuvres plus classiques, afin de combler un certain retard dans ce domaine. C'est d'ailleurs dans ce but que nous avons acquis le deuxième spécimen, la fameuse oeuvre de Kafka, La Métamorphose. Vous avez en effet pu constater de vous même durant la visite que cette pièce n'était pas présente dans nos collections. C'est maintenant chose faite, puisque nous l'avons obtenue cette après-midi même. Etant en excellent état, nous n'avons eu à effectuer aucune restauration, et nous nous sommes empressés de la contempler. C'est donc avec joie que je vous déclare que La Métamorphose fait maintenant partie des oeuvres "admirées avec attention". (un temps. Le guide semble mesurer l'effet produit sur les touristes et les visiteurs. Il reprend finalement ses esprits) Et bien, j'espère que la visite vous a plu, et, si c'est le cas, n'oubliez pas le guide. (Les visiteurs paraissent d'abord déconcertés, puis commencent à sourire. Le guide, quant à lui, tend ostensiblement son béret)

Jeudi 9 août 2007 à 13:35

  Je n'étais pas raciste et je volais dans tous les garages, y compris celui de mes parents, qui n'était pas le plus mauvais. Un jour, j'y découvris une friandise belge que je ne connaissais pas : des spéculoos.
  J'en goûtai un aussitôt. Je rugis : ce croquant, ces épices, c'était à hurler, un évènement trop important pour le célèbrer dans un garage. Quel était le meilleurs endroit pour fêter ça ? Je le savais.
  Je bondis jusqu'à notre immeuble, montai les quatre étages en courant et fonçai dans la salle de bains dont je poussai la porte derrière moi. Je m'installai devant le miroir géant, sortis le butin de dessous mon pull et commençai à manger en observant mon reflet dans la glace : je voulais me voir en état de plaisir. Ce qu'il y avait sur mon visage, c'était le goût du spéculoos.
  C'était un spectacle. Rien qu'à me regarder, je pouvais détailler les saveurs : c'était forcément du sucré, sinon je n'aurais pas eu l'air aussi heureuse ; ce sucre devait être de la cassonade, à en juger l'émoi caractéristique des fossettes. Beaucoup de cannelle, disait le nez plissé de jouissance. Les yeux brillants annonçaient la couleur des autres épices, aussi inconnues qu'enthousiasmantes. Quant à la présence de miel, comment en douter, au vu de mes lèvres qui minaudaient l'extase ?
  Pour être plus à l'aise, je m'assis sur le rebord du lavabo et continuai à goinfrer les spéculoos en me dévorant des yeux. La vision de ma volupté accroissait ma volupté.

Amélie Nothomb, Biographie de la faim

Comment ne pas succomber aux plaisirs de la lecture d'un passage comme celui-ci ? Qui d'autre qu'elle peut décrire le spéculoos de cette façon ? Et d'ailleurs quel auteur penserait à parler du spéculoos ? Pourquoi n'ai-je que trois livres d'elle dans ma bibliothèque ? Par quel moyen convaincre ceux qui ne connaissent pas ses bouquins de vouloir les découvrir ?

Et si vous lisiez le passage où elle parle du chocolat comme étant l'aliment divin par excellence...? Et celui où elle raconte comment elle se délecte de la beauté elle-même...? Et les moments où elle relate ses surprenantes amours d'enfance...? Et...
Et merde, allez dans une librairie, une bibliothèque cette aprèm, procurez-vous vite fait bien fait cette Biographie de la faim, laissez-vous porter par cette folle enfance, affligez-vous de cet affriolant égocentrisme, goûtez à la fluidité de ses mots,  en bref, offrez-vous une petite heure de folie.
Profitez-en, aujourd'hui il pleut... Qu'est-ce que vous seriez bien sur votre canapé, ou dans votre lit, avec un bon bouquin...

Vendredi 3 août 2007 à 22:12

Ce jour là tout était calme au lavomatic du quartier. Seuls quelques vêtements faisaient des tours dans un tambour, sous des jets d'eau et de la lessive, en l'absence de leur propriétaire. C'est alors que trois énergumènes entrèrent dans la petite pièce où somnolaient plusieurs machines. Ils s'exclamèrent devant la blancheur du banc qui y avait été installé, devant la blancheur de la table, devant la blancheur des murs, devant la blancheur du plafond, et devant la blancheur du sol. "Mais pourquoi diable les laveries automatiques sont-elles toujours blanches ? Pourquoi n'y-a-t-il pas de laveries roses, par exemple ?" se demanda une des filles du groupe. Aucun de ses deux accolytes ne lui donna de réponse claire ; l'autre fille n'émit pas un seul son, et le garçon marmonna quelques mots vaguement indistincts. Ils déballèrent ensuite un immense sac bleu, qui ne contenait que quatre éléments, tous d'une couleur beige sombre. Une ménagère expérimentée auraient reconnu dans cet amas de tissu une housse de canapé en deux parties et deux housses de coussins, mais les habitués du lavomatic n'auraient eu aucune chance de savoir de quoi il s'agissait, étant  pour la plupart de modestes étudiants déjà incapables de trier convenablement leur propre linge. Mais le lavomatic était désespérément vide, et personne ne chercha donc à deviner le contenu de ce qui fut mis dans la machine numéro douze. De mémoire de machine,  la douze n'avait jamais était aussi humiliée. Elle qui se considérait comme simple d'utilisation vit soudainement son réservoir de lessive se faire ouvrir en plein pré-lavage, se faire rouvrir lors de l'essorage, et, par dessus tout, dut changer de programme en cours de route car les trois jeunes s'étaient aperçus qu'il s'étaient trompés. Ils voulaient un lavage à 40°, et non à 60°. La douze aurait bien protesté un peu, mais elle n'en avait pas le courage. A quoi bon se mettre à faire du bruit si personne ne se donnait la peine de l'écouter ? Elle fit donc entendre aux trois jeunes son bruit habituel, mais mit au point un plan de vengeance. Ces trois idiots, se dit-elle, ne savent que pouffer dans mon dos, et se moquer du lieu où je vis : je vais leur faire vivre la plus grande incompréhension de leur vie. Elle avait en effet remarqué qu'ils avaient amenés deux doses de lessive Le Chat, mais qu'ils ne retrouvaient plus la deuxième dans tous cet amas de tissu qu'ils avaient à laver. Evidemment, dès qu'elle commença à tourner, elle sentit contre ses parois la dose de lessive perdue. Il s'agissait d'un sachet en plastique contenant deux pastilles de lessive effervescentes. Pendant que les jeunes s'interrogeaient sur la disparition mystérieuse de ces deux pastilles, elle entreprit de leur montrer qu'elles étaient bien en train de tourner avec leur linge, mais toujours dans leur emballage d'origine. Elle s'amusait à les narguer en faisant apparaître de temps à autre le sachet par le hublot. Mais les trois compères n'en furent que très peu étonnés, et se mirent à rire aux éclats, en voyant passer leurs tablettes toujours enfermées dans leur plastique protecteur, en s'inquiètant juste un peu, au cas où l'emballage viendrait à s'ouvrir lors du rinçage. Malgré son agacement grandissant, la machine ne se sentait pas le coeur de faire subir un tel sort au pauvre linge qu'on lui avait donné à laver. Ainsi résolut-elle de garder les pastilles pour elle, et d'inquiéter à nouveau les jeune sur leur disparition. Et en effet, quand ils sortirent leur housse de canapé et leurs houses de coussins, ils se mirent en vain à chercher leur lessive. La machine numéro douze riait en silence. Son rire parvint néanmoins aux oreilles du séche-linge numéro quarante, qui se vit à son tour rempli par une masse de couleur beige foncé. Mais comme les jeunes ne l'avaient pas personnellement attaqué physiquement, ni ne l'avait blessé moralement sur son mode de fonctionnement, il ne commit aucune fourberie. Il se contenta de ne pas sécher entièrement la housse de canapé, pour montrer sa solidarité à la machine numéro douze, qu'il appréciait beaucoup. Dix minutes plus tards, les trois jeunes remirent leur linge dans leur sac bleu, et quittèrent la pièce trop blanche. La machine numéro douze laissa alors éclater son rire tonitruant : elle avait gardé, en plus des deux pastilles de lessive, une des deux housses de coussins...

Epilogue :  Et quelques heures plus tard... "Je comprends pas, s'exclama la fille, on a dû la perdre en revenant, cette housse."

nda : cette histoire est basée sur des faits réels.

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