"La maison sur le rocher". J'ai lu ce titre plusieurs fois avant que la cérémonie ne commence, mais rien à faire : il ne me plaît pas. Il me fait penser à La petite maison dans la prairie...

La paysage environnant est montagneux, rocailleux, même. Il fait un temps gris, maintenant. Le ciel a accordé son costume à ceux des pierres, et le marié porte lui aussi un  gilet cendré. Pourtant, il fait beau et il fait joie.

Je ne connais pas les mariés, hélas. J'ai eu la chance d'être présentée au marié peu de temps avant le début de la célébration. Il m'a dit bonjour avec un regard sincère, et son gentil visage d'adorable garçon. Il m'est immédiatement sympathique.
La mariée, elle, s'habille. Je l'imagine simple et belle, avec un regard vif et enfantin, assorti à celui de son amoureux.

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J'entre dans l'église. Ma robe n'est-elle pas peu courte? Je regarde le reste de l'assistance, et j'ai bien l'impression d'être un rien indécente, avec cette robe. En temps normal, je n'entre jamais dans une église les épaules nues ; aujourd'hui, je me sens presque irrespectueuse, les genoux découverts. Pour le reste, ma tenue est sobre. Mais tout de même...
Je vais m'asseoir à ma place, directement dans le choeur, avec les autres "singers". Nous sommes une petite vingtaine à avoir choisi de chanter pour accompagner la messe. Nous avons répété à peine plus d'une heure, nous ne sommes pas vraiment prêts, nous formons une troupe un peu hétéroclite, nous sommes presque tous amateurs, mais nous serons là, et nous chanterons. Ce qui est étrange, c'est que lorsque nous chanterons, nous ferons face à l'autre partie des invités, réunis dans la nef. Et les mariés, lorsqu'ils arriveront, trouveront la bienveillance et la gaité dans ces deux assemblées ; j'imagine qu'un vent de douceur émanant de la nef les portera jusqu'à nous, et qu'ils liront sur nos visages toute la sympathie et la sollicitude que je leur porte déjà. Empathie... Et pourtant, j'imagine des sentiments qu'ils n'éprouvent sans doute pas.

La musique. Très belle. C'est donc ça, "La maison sur le rocher". C'est vraiment joli, c'est... Les mariés arrivent, je les regarde, et je retrouve ce visage enfantin, au regard étonné. Mais il n'y a pas que de l'étonnement dans ce regard : il y a -et ça semble étrange à dire- un coeur gonflé d'émotions. Je regarde la mariée, lumineuse dans son habit blanc, et là aussi, des yeux débordant d'émotions. Il y a quelque chose de vertigineux dans ce spectacle. Je sais que nous sommes plusieurs, dans l'assistance, à être aussi troublés que les mariés ; je ressens une intense communion entre tous ces êtres. Un instant de grâce.


Je ne suis pas la seule à pleurer.