asphalte-et-cumulus

je ne vous connais pas, je vous frôle, là sur le quai, épaule contre épaule

Vendredi 25 avril 2008 à 16:11

Hier, après avoir posté, je n'étais plus dans mon état normal : j'ai voulu lancer un porte-clé sur mon lit
...euh je tiens à préciser que jusqu'ici tout est normal. Oui mais là, il faut quand même que j'explique un peu la situation. C'est un porte-clé qui est normalement accroché sur un sac que je prends lorsque je sors. Le porte-clé n'est pas spécialement laid, il est même plutôt joli et original, mais je ne sais pas pourquoi, je le trouve trop voyant. Donc à chaque fois que je prends le sac pour sortir, je décroche le porte-clé. C'est comme depuis que j'ai ce porte-clé, et il n'est pas question que ça change. Donc, là, comme d'hab' j'enlève le porte-clé, et, comme je suis pressée, je ne le pose pas délicatement au sol, mais je le lance sur mon lit (enfin, j'essaie). Mais bien sûr, ce n'est pas là qu'il retombe. Non, il s'écrase littéralement au sol, dans un bruit absolument charmant, et mon plancher se retrouve couvert de morceaux de port-clé. C'est là que j'ai une réaction anormale : je m'exclame à haute voix "Ah, mince !" sur un ton tout à fait joyeux, comme si j'avais dit "Ah, super, ça c'est la bonne nouvelle du jour !". En temps normal, je n'aurais rien dit, je n'aurais certainement eu qu'un simple regard agacé ou crispé. Peut-être aurais-je laissé échappé un "et merde!". Mais non, pas hier. Ensuite je sors, je prends le chemin habituel, et là, stupeur, je m'aperçois qu'ils ont coupé un arbre. Normalement, j'aime pas qu'on coupe les arbres. C'est pas bien ! Mais là, j'ai marché sur la souche, en poussant un "aaaah !" de soulagement -du genre "ils ont enfin eu la bonne idée de couper cet arbre ! C'est pas trop tôt !". En pleine rue. Bon. Après ça, je songeais à ces deux réactions bizarres que je venais d'avoir, je souriais intérieurement (et peut-être extérieurement aussi, d'ailleurs...) si bien que machinalement, j'ai failli me rendre à la bibliothèque, au lieu d'aller...là où je devais aller -c'est à dire chez mon ami le dentiste.

Ben une fois sortie de chez lui, je n'étais plus d'humeur aussi "guillerette"...

Mais j'ai quand même eu une réflexion d'une pertinence incroyable (je suis toujours très modeste...), que je vous livre ici sans vous expliquer vraiment pourquoi j'ai pensé ça : "les dentistes sont les hommes les plus inhumains qu'il y ait, mais, paradoxalement (ou pas) ce sont eux qui vous font le plus ressentir votre propre humanité."
Ouais bon. J'étais sous l'emprise d'une substance inconnue, aussi... une sorte d'anesthésiant.


Jeudi 24 avril 2008 à 15:46

Hugo, Les Travailleurs de la mer.

C'est plein de belles phrases. Ou du moins, c'est plein de phrases que je souligne.

Mais pourquoi est-ce que je souligne ces phrases ? Et bien pour rien, en fait, je crois. Parce que je  souligne les phrases avec lesquelles je suis d'accord, celles avec lesquelles je ne sais pas si je suis d'accord, et parfois même celles avec lesquelles je ne suis pas d'accord. Je trouve moi-même ce comportement un peu bizarre, quand même. On dirait que j'essaie simplement de me raccrocher à des mots, à de la pensée mise en phrase. On dirait que je cherche à me prouver que j'ai lu le bouquin, quoi ! On dirait que, comme je ne sais pas quoi penser moi-même, je cherche désespérément à absorber la pensée des autres, des "Grands". Après tout, me direz-vous, les livres sont peut-être faits pour ça. Enfin, quand je dis "vous", en réalité je pense à mes profs, pas nécessairement à "vous" qui êtes en train de lire. Mes profs ont un grand refrain qu'ils nous ressortent quasiment à chaque cours : les livres, les textes, la littérature nous ouvrent aux autres, nous nourrissent, ils nous ramènent à nous-mêmes, ils nous permettent de mieux nous comprendre, ils sont une rencontre entre deux univers etc etc etc... Oui, oui, oui, c'est très beau, tout ça, mais enfin.

Tout ça se pose là, si j'ose dire.

Si les livres nous ramènent à nous-mêmes, alors je comprends pourquoi j'ai plus souvent tendance à souligner les phrases avec lesquelles je suis d'accord et à faire plus ou moins abstraction de celles qui ne plaisent pas. Sauf que, ayant pris conscience de cette "inégalité", je me suis mise à souligner aussi celles avec lesquelles je n'étais pas d'accord, en me disant qu'il ne fallait surtout pas que je lise uniquement ce que j'avais envie de lire. Ben oui, des fois que mes vagues embryons d'opinion se substituent aux fermes et stables pensées de l'auteur... Et puis comme je le disais un peu plus haut, à toutes ces phrases soulignées s'ajoutent encore celles avec lesquelles je ne sais pas si je suis d'accord : je me dis tiens, là, il a fait un effort de style, ça sonne bien, c'est joli, ça mérite certainement un petit coup de crayon. En moins de deux, je me retrouve avec une phrase soulignée. Ou deux. Ou trois. Ou quatre. Ou un paragraphe. Oui, parce que cette phrase, là, voyez-vous, elle ne prend son sens qu'avec celle qui la précède, et qu'avec celle qui la suit aussi, tant qu'à faire. Oui mais justement, celle qui vient jute après formule la même idée d'une toute autre manière, elle apporte un nuance qu'il n'y avait pas juste avant. Ah oui, c'est intéressant aussi, dit comme ça... Mais moi, ce que j'en pense... Et bien toujours pareil : rien. Absolument rien, si ce n'est que ça doit bien mériter d'être souligné, puisque c'est écrit.

Il est des jours où l'on se fait soi-même horreur. Je ne serais même pas étonnée si je me retrouvais un jour avec un livre souligné du début à la fin. Et ça ne prouverait qu'une seule chose : que j'avais un crayon avec moi quand j'ai ouvert le livre.

D'ailleurs, ça me fait penser que, si par hasard, dans mon exemplaire des Travailleurs de la mer, vous trouvez un chapitre où il n'y a pas une phrase de soulignée, cela voudra simplement dire que je n'avais pas mon crayon avec moi. Parce que si je finis un chapitre sans avoir rien souligné, c'est forcément anormal. Alors un petit retour en arrière s'impose : il me faut une phrase, une pensée, un petit quelque chose de joli à souligner avant de pouvoir lire la suite. Ce n'est pas Hugo qui a mal écrit, c'est moi qui aie mal lu. Ce n'est pas Hugo qui n'a pas su me toucher, c'est moi qui n'aie pas su être touchée. Nuance. Mais tout cela est idiot. Et je le sais. Mais il me faut ma phrase à souligner ; sinon ça ne va pas.

... en réalité, souvent, je souligne les "phrases papillotes". C'est à dire les phrases que vous pourriez lire sur les petits morceaux de papier blanc qui sont entre le papier doré et le chocolat. Vous voyez de quoi je veux parler. Quiconque a déjà mangé des papillotes Révillon connaît ces phrases.  J'en connais plein par cœur ; c'est toujours les mêmes qui ressortent. C'est navrant. Rien qu'avec mes pages soulignées des Travailleurs de la mer je pourrais leur en envoyer pour dix ans de phrases inédites. Vous voyez le paquet, là, dans le rayon de l'hypermarché ? et bien imaginez-le avec un petit bandeau jaune, avec écrit en rouge "Phrases inédites à l'intérieur !". Quelle merveilleuse vision, quelle rêverie magnifique !

Et puis. Et puis il y a autre chose qui me chagrine, qui m'embête. J'ai un peu lu Nietzsche, hier et avant-hier. Le Crépuscule des Idoles. Euh, pour une future dissert' de philo, cela va sans dire. Je ne lis pas ça comme ça, en me disant "Tiens, j'me lirais bien du Nietzsche, aujourd'hui ! Voyons voir ce qu'a écrit ce brave homme...". D'autant plus que s'il y a bien  un philosophe que je n'aurais pas lu de mon plein grès, c'est Nietzsche. L'année dernière, quand on m'en en parlé, il m'a fait peur. Le coup des forts et des faibles, j'avais moyen apprécié. Mais bon, cette année, j'ai une amie qui m'a dit qu'elle aimait Nietzsche. Alors je me suis dit, après tout, pourquoi pas. Lire Nietzsche est finalement assez plaisant. Du moins, Le Crépuscule des Idoles est assez plaisant, je ne connais pas le reste. Ici, il y a du cassage dans l'air -un côté Brice de Nice... pardonnez cette référence malheureuse-. Nietzsche attaque. Voilà ce qui me plaît. Et... il change de ce qu'on lit habituellement. Il a quelque chose de très novateur. bien sûr, il me semble que parfois, il va trop loin. Trop loin pour moi ; dans ma tête, je me dit "je ne peux pas cautionner un truc pareil", mais je suis forcée de reconnaître que, dans son esprit et dans sa démonstration, tout se tient. Et c'est bien ça qui est effrayant. Je peux suivre, je suis en mesure de voir où il va, d'où la perplexité dans laquelle je suis plongée une fois que j'ai fini de lire un paragraphe. Là est la différence entre Aristote et Nietzsche : je ne comprends pas Aristote, donc il n'a rien d'effrayant. Je crois avoir compris Nietzsche, et c'est ça qui me fait peur. Et comme dans la peur, il y a une part de fascination, Nietzsche reste quand même attirant.
Je commence à m'y faire...
Mais Nietzsche n'aime pas Hugo. Il ne le supporte pas. Pas du tout. Il dit que Hugo est "un phare au bord de l'océan du non-sens". Sympa. Il dit des choses tout aussi sympathiques sur George Sand, Rousseau et beaucoup d'autres encore. Il déteste les romantiques. Moi pas. Je n'ai rien contre eux. Et je prends plaisir à lire Hugo.
Et je prends plaisir à lire Nietzsche.

Pourquoi les lectures proposées en philo ne vont-elles pas tout à fait dans le même sens que celles proposées en français ?

Sans transition aucune, j'administre mes plus sincères félicitations à tous ceux qui sont arrivés jusque là (je ne me suis pas entièrement relue moi-même, vous imaginez...). Et je m'arrête ici, parce que ce n'est peut-être pas une bonne idée d'écrire des articles si longs. Mon webmaster va me dire que ça décourage les gens, et puis surtout, ça donne l'impression que je cherche à rattraper le temps perdu, à écrire ce que j'aurais du écrire. Alors qu'en fait pas du tout : je voulais simplement parler un peu de ma tendance au soulignage intempestif. Même si normalement, j'étais censée lire Aristote. Enfin, cela n'est qu'un simple détail, n'est-ce pas ?


Jeudi 17 avril 2008 à 17:51

Préambule : ne pas comprendre Aristote me donne envie de poster, de revenir à Asphalte...

Je ne sais pas combien de jours il est resté là. Je dois avouer qu'au bout d'un certain temps, nos relations sont devenues étranges. Non pas qu'il ait cherché à changer de place pour me perturber -il ne pouvait pas-, mais plutôt qu'il se soit adapté à ce qui l'entourait... Tenez, par exemple, il a laissé les feuilles le recouvrir. Mais moi je savais qu'il était encore là ; et les feuilles, au lieu de le cacher, me faisaient presque sentir encore plus fermement sa présence.
oh là, oh là ! C'est pas vrai ! Dites-moi que je rêve ! A peine revenue, elle recommence avec ses délires... -Soupir- Je ne croyais pas avoir mérité ça...
Je ne comprends pas. Pour une fois que je me mets à... Oui, bon, tout bien relu, je ne sais pas si nos lecteurs auraient été ravis d'un article entier écrit dans ce style. Surtout qu'il aurait bien fallu, à un moment ou à un autre, que je casse "l'aspect" que je m'évertuais à donner au texte, pour expliquer qui était le "il". Alors autant que je le fasse maintenant. Le "il", c'est un roman de Hugo. Les Travailleurs de la mer, que ça s'appelle. Je pense que je l'ai acheté il y a environ deux semaines, pour l'école. Je l'ai posé sur mon bureau, puis... plus rien. Il s'est fait submergé, quoi. Et samedi pour "bien" commencer les vacances, j'ai tenté de ranger toute ma paperasse, mon bureau, mes cours... Et bien sûr, il est ressorti. De toute façon, il le fallait, puisque je suis censée le lire. Mais n'empêche que... comment dire... pendant deux semaines, je savais exactement où il était, je me disais que je pourrais commencer à le lire, que peut-être, une pause "lecture-autre-que-les-notes-prises-en-classe" me ferait du bien, mais je ne l'ai pas touché. J'avais l'impression qu'il fallait attendre. Que je n'étais pas prête. Que je ne pouvais pas gâcher ce livre en lisant par à-coups des bribes de textes dont je ne saisirais ni le sens ni la beauté, parce que je ne ferai que penser à mes DM. En fait, je ne sais pas. Il y avait comme une sorte de barrière. Une barrière du genre de celles qui protègent les chemins de fer. Vous, vous êtes dans une voiture, vous ne savez pas quand le train va arriver, vous savez simplement que vous ne devez pas franchir la barrière, parce que sinon, vous risquez d'importants dommages (et ce n'est pas rien de le dire). Alors vous attendez que le train passe. Et il passe. Lentement. C'est un long train de marchandises, avec beaucoup, beaucoup de wagons. Quand il est passé, vous êtes un peu déboussolés. Vous n'avez pas compté les wagons, mais vous vous dites que vous auriez dû. Les barrières se relèvent, exactement à ce moment là. Vous pourriez traverser la voie, maintenant. Mais vous ne le faites pas. Vous vous remettez doucement du passage du train, vous vérifiez qu'il n'y en a pas un autre derrière, même si vous savez pertinemment qu'il ne peut pas y en avoir, puisque les barrières se sont relevées. Vous reprenez votre souffle. Le train n'est pas passé vite, mais son passage était éprouvant. Encore quelques instants, et ensuite, vous traversez la voie ferrée. Réellement. Vous voilà de l'autre côté. Et finalement, rien n'a vraiment changé. La différence, vous la percevez encore, et vous profitez de ce moment, bref et intense, où vous savez que le train est passé. Vous roulez pendant quelques mètres, tout au plus un kilomètre, puis vous ne vous souvenez plus. Vous avez oublié l'attente, l'angoisse, le train, son passage, mais aussi votre propre passage. Aux prochaines barrières, vous aurez cette fameuse impression de "déjà-vu".
Je ne sais pas si j'ai pu dire la tension, dans tous les sens du terme, qu'il y a parfois entre les livres et les lecteurs. Je crois que la tension, ce sont les circonstances -bonnes ou mauvaises-. Il y a toujours un quelque chose qui fait qu'on va aimer ou non un livre. Il y a toujours un quelque chose qui nous pousse à l'indifférence.
J'ai commencé à lire Les Travailleurs de la mer. Pour l'instant, j'aime. Mais... est-ce parce que je me faisais, sans tout à fait me l'avouer, une joie de lire ce livre ? Est-ce que cette joie n'était pas liée, dans mon esprit, à l'idée que je ne lirais que pendant les vacances ? En fait, est-ce que j'ai associé Travailleurs de la mer à vacances de Pâques ? Et je dis bien vacances de Pâques. Parce que je sais que ça ne se serait pas passé comme ça pendant les vacances de février, où je me préparais justement à ne pas pouvoir profiter de mes vacances. Les vacances de Pâques se sont profilées à mon esprit d'une manière tout à fait différente, même si au fond, je ne suis pas sûre d'avoir moins de travail à faire qu'en février...
Eh mais finalement, je me demande si tout ne serait pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles... les colles de français du troisième trimestre seront sur Les Travailleurs de la mer, et j'ai toutes les vacances de Pâques pour lire ce livre, des vacances que j'ai jugé propices à cette lecture...

Ich freue mich darüber !


...Tiens, elle n'a pas protesté, elle ne m'a rien dit, rien répliqué quand j'ai fait une réflexion sur ce qu'elle écrivait... Aurait-elle un problème ? Aurait-elle enfin compris où était son intérêt ? Son article me paraît même tout à fait publiable, depuis qu'elle a arrêté de tenter de se donner un style. Hum. Minute. Et si c'était moi qui devenait plus tolérant...?! Est-ce moi qui m'adapte à elle ou elle qui s'adapte à moi ?
Les deux mon capitaine ! Combien de fois vais-je devoir rappeler que nous ne sommes qu'un ?

Mercredi 2 avril 2008 à 23:31


P O I S S O N  D' A V R I L  !


C'était une blague, il n'y a pas de nouvel article.

Et oui, je sais, je publie le 2... mais c'est parce que je n'ai pas eu le temps hier.
Et puis bon, comme ça, vous n'aurez pas eu toutes vos blagues le même jour...

En plus, moi, hier, personne ne m'a fait de blague, et je n'ai pas eu l'occasion d'en faire non plus. J'étais un peu déçue...jusqu'à ce que j'aperçoive un immense poisson d'avril en papier, d'environ deux mètres, collé sur un mur avec du sparadrap... Un très beau spécimen. Vraiment.

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