asphalte-et-cumulus

je ne vous connais pas, je vous frôle, là sur le quai, épaule contre épaule

Lundi 8 décembre 2008 à 18:26

"alors, ce que je voulais vous montrer, c'est qu'un livre, c'est avant tout une rencontre"

voilà; je vais partir de ça. ça n'est pas de moi. Non -vous pensez bien. Cette phrase m'a longtemps fait rire, et en un sens, elle continue à me faire rire. C'est une phrase que nous a dit plusieurs fois notre professeur de français de l'an dernier (ses corrigés de dissertation étant légèrement répétitifs...).

J'ai donc rencontré Un désir fou de danser au hasard d'une promenade entre les rayonnages de l'une des bibliothèques de ma ville. Je ne sais plus ce que je cherchais. Sans doute rien. Un désir fou de danser était posé sur un présentoir en plastique. Un travail de bibliothécaire. De bibliothécaire consciencieuse (ou consciencieux ?), qui a lu un livre, l'a aimé et a choisi de le mettre en évidence pour que quelqu'un d'autre le lise ? ou de bibliothécaire fatiguée d'avoir à ranger un livre à sa place, et qui, voyant finalement un présentoir inoccupé, se décide à poser le livre dessus ? J'ai ma préférence, mais au fond peu importe.
Je vois le livre. Ni le titre ni la photo ne m'attirent particulièrement, mais je soulève quand même le livre, le retourne et parcours, par habitude, la quatrième de couverture. Mmmouais, me dis-je. Je lis les premières lignes. La première page, finalement. Bizarre, ça n'est pas si mal. Le deuxième page. La troisième. La quatrième. Et ainsi de suite. Je n'en sors plus : comment est-ce possible que je ne puisse détacher mes yeux de ce livre ? Je pense à toute allure. Trop de devoirs Pas le temps de lire. Ce livre n'est certes pas un pavé, mais il est loin de ressembler à une nouvelle. Je ne m'en sors pas. Je ne peux raisonnablement pas emprunter Un désir fou de danser. Je l'emprunte. Je l'emprunte car je ne veux pas en sortir. Je ne veux pas en sortir autrement que par la fin.

Je n'en sortirai que par la fin.
Un livre est un tunnel. La logique voudrait que l'on en sorte uniquement lorsque la lumière de la "vraie vie" finit par poindre, juste après le mot "fin". Mais la logique n'est pas reine en littérature, tout le monde nous le dit. Alors parfois, on emprunte les issues de secours. Dans un tunnel, il y a toujours des issues de secours. Les issues de secours, on les emprunte quand le tunnel est trop noir, quand on se perd à l'intérieur ; quand il est monotone et qu'on n'en voit pas la fin ; quand il nous angoisse, et que l'on a peur de ce que l'on va découvrir ; quand il est trop lumineux, et qu'on a craint de devenir aveugle... Les raisons sont multiples, et se déclinent à l'infini. Que de raisons de ne pas continuer à lire, que de raisons de dire "j'arrête. je pars".

Mais je n'avais aucune raison de quitter Un désir fou de danser. Il me semblait bien lumineux, parfois, pourtant. Lumineux... j'ai préféré pensé que j'allais être éclairée plutôt qu'aveuglée.
Maintenant, je ne saurais dire ce qui m'est arrivé. Je ne peux pas trancher.


Tout ce que je sais, c'est que j'en suis sortie par la fin.


Je l'ai rendu à la bibliothèque. L'a-t-on reposé sur un présentoir ? Moi je l'ai fait : j'en ai parlé à ceux que j'estimais pouvoir être éclairés et aveuglés par Un désir fou de danser.

Je suis devenue la bibliothécaire consciencieuse que je serai peut être un jour.


tous les cris les s.o.s

crache ton venin

Par versager le Lundi 8 décembre 2008 à 19:46
Je viens de vérifier (les miracles d'internet), ils l'ont à ma bibliothèque. Mais il n'est pas en rayon, il est sorti. Retour prévu... le 5/12/08, soit il y a trois jours. En plus c'est un/une retardataire qui l'accapare !
Est ce qu'il/elle l'a trouvé sur le présentoir des "coups de coeur" ? Je ne le sais pas. Possible, chez nous aussi les bibliothécaires font bien leur (beau) boulot.
 

crache ton venin









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