asphalte-et-cumulus

je ne vous connais pas, je vous frôle, là sur le quai, épaule contre épaule

Vendredi 3 août 2007 à 22:12

Ce jour là tout était calme au lavomatic du quartier. Seuls quelques vêtements faisaient des tours dans un tambour, sous des jets d'eau et de la lessive, en l'absence de leur propriétaire. C'est alors que trois énergumènes entrèrent dans la petite pièce où somnolaient plusieurs machines. Ils s'exclamèrent devant la blancheur du banc qui y avait été installé, devant la blancheur de la table, devant la blancheur des murs, devant la blancheur du plafond, et devant la blancheur du sol. "Mais pourquoi diable les laveries automatiques sont-elles toujours blanches ? Pourquoi n'y-a-t-il pas de laveries roses, par exemple ?" se demanda une des filles du groupe. Aucun de ses deux accolytes ne lui donna de réponse claire ; l'autre fille n'émit pas un seul son, et le garçon marmonna quelques mots vaguement indistincts. Ils déballèrent ensuite un immense sac bleu, qui ne contenait que quatre éléments, tous d'une couleur beige sombre. Une ménagère expérimentée auraient reconnu dans cet amas de tissu une housse de canapé en deux parties et deux housses de coussins, mais les habitués du lavomatic n'auraient eu aucune chance de savoir de quoi il s'agissait, étant  pour la plupart de modestes étudiants déjà incapables de trier convenablement leur propre linge. Mais le lavomatic était désespérément vide, et personne ne chercha donc à deviner le contenu de ce qui fut mis dans la machine numéro douze. De mémoire de machine,  la douze n'avait jamais était aussi humiliée. Elle qui se considérait comme simple d'utilisation vit soudainement son réservoir de lessive se faire ouvrir en plein pré-lavage, se faire rouvrir lors de l'essorage, et, par dessus tout, dut changer de programme en cours de route car les trois jeunes s'étaient aperçus qu'il s'étaient trompés. Ils voulaient un lavage à 40°, et non à 60°. La douze aurait bien protesté un peu, mais elle n'en avait pas le courage. A quoi bon se mettre à faire du bruit si personne ne se donnait la peine de l'écouter ? Elle fit donc entendre aux trois jeunes son bruit habituel, mais mit au point un plan de vengeance. Ces trois idiots, se dit-elle, ne savent que pouffer dans mon dos, et se moquer du lieu où je vis : je vais leur faire vivre la plus grande incompréhension de leur vie. Elle avait en effet remarqué qu'ils avaient amenés deux doses de lessive Le Chat, mais qu'ils ne retrouvaient plus la deuxième dans tous cet amas de tissu qu'ils avaient à laver. Evidemment, dès qu'elle commença à tourner, elle sentit contre ses parois la dose de lessive perdue. Il s'agissait d'un sachet en plastique contenant deux pastilles de lessive effervescentes. Pendant que les jeunes s'interrogeaient sur la disparition mystérieuse de ces deux pastilles, elle entreprit de leur montrer qu'elles étaient bien en train de tourner avec leur linge, mais toujours dans leur emballage d'origine. Elle s'amusait à les narguer en faisant apparaître de temps à autre le sachet par le hublot. Mais les trois compères n'en furent que très peu étonnés, et se mirent à rire aux éclats, en voyant passer leurs tablettes toujours enfermées dans leur plastique protecteur, en s'inquiètant juste un peu, au cas où l'emballage viendrait à s'ouvrir lors du rinçage. Malgré son agacement grandissant, la machine ne se sentait pas le coeur de faire subir un tel sort au pauvre linge qu'on lui avait donné à laver. Ainsi résolut-elle de garder les pastilles pour elle, et d'inquiéter à nouveau les jeune sur leur disparition. Et en effet, quand ils sortirent leur housse de canapé et leurs houses de coussins, ils se mirent en vain à chercher leur lessive. La machine numéro douze riait en silence. Son rire parvint néanmoins aux oreilles du séche-linge numéro quarante, qui se vit à son tour rempli par une masse de couleur beige foncé. Mais comme les jeunes ne l'avaient pas personnellement attaqué physiquement, ni ne l'avait blessé moralement sur son mode de fonctionnement, il ne commit aucune fourberie. Il se contenta de ne pas sécher entièrement la housse de canapé, pour montrer sa solidarité à la machine numéro douze, qu'il appréciait beaucoup. Dix minutes plus tards, les trois jeunes remirent leur linge dans leur sac bleu, et quittèrent la pièce trop blanche. La machine numéro douze laissa alors éclater son rire tonitruant : elle avait gardé, en plus des deux pastilles de lessive, une des deux housses de coussins...

Epilogue :  Et quelques heures plus tard... "Je comprends pas, s'exclama la fille, on a dû la perdre en revenant, cette housse."

nda : cette histoire est basée sur des faits réels.

tous les cris les s.o.s

crache ton venin

Par Anaisquizas le Samedi 4 août 2007 à 13:35
Enorme cette histoire! :-D Ca m'a beaucoup fait rire! Il faudra qu'on en reparle!
Par Glissade le Jeudi 30 août 2007 à 21:43
Original !
 

crache ton venin









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