(C'était l'endroit de mes jeux, c'était l'endroit de mon enfance,
C'est un lieu que j'ai aimé, et tout autant de fois haï.
Cet endroit a pris son sens seulement quand j'en suis partie,
Quand l'immense portail blanc s'est refermé dans le silence.
C'est un lieu que j'ai aimé, et tout autant de fois haï.
Cet endroit a pris son sens seulement quand j'en suis partie,
Quand l'immense portail blanc s'est refermé dans le silence.
Mais qu'ai-je donc entendu samedi? Nétait-ce pas mes propres cris? N'était-ce pas mes propres chants? N'était-ce pas ma joie d'enfant qui revenait comme en écho, après de longues années d'absence? Non, ce n'était pas cela, c'était bien plus que tout cela, a répondu un je-ne-sais-quoi, assis tout seul dans la cour. Ce sont les cris, ce sont les chants, ce sont les joies des enfants, des enfants qui ne comprennent ni l'Après, qui ne comprennent ni l'Avant, et qui jouent sans compter le temps. Réjouis-toi, réjouis-toi, m'a soufflé le je-ne-sais-quoi, ces enfants sont un reflet de ce qu'un jour tu as été. Regarde les bouger, écoute les chanter, ne passe pas sans les voir, ne fais pas que les entendre. Puis le je-ne-sais-quoi s'est tu, pour me laisser seule avec eux.
Mais l'autre jour le portail s'est rouvert,
Comme s'il permettait soudain à ceux
A ceux qu'il avait enfermé naguère,
De revenir s'y retrouver un peu.
Comme s'il permettait soudain à ceux
A ceux qu'il avait enfermé naguère,
De revenir s'y retrouver un peu.
Il faisait beau ce jour là, le soleil éclairait la joie des actuels écoliers et celle des anciens élèves de l'école de quartier. Les plus âgés souriaient devant les chants, les danses des benjamins, ils contemplaient les visages de ces gamins, en se rappelant les spectacles qu'ils avaient fait eux, des années auparavant. Les plus jeunes restaient fidèles à leur enfance, pleuraient parfois, se disputaient, mais retrouvaient vite la gaieté qu'impose un tel jour de fête, prévu depuis tant de journées "Dis maman, est-ce que tu viendras, à la fête de l'école?" "Et Papa si on allait un peu au jeu de massacre. Allez dis oui, s'il te plaît."
Partout mon regard
S'est posé et tard
Je m'en suis allée
Par le portail rouillé.
S'est posé et tard
Je m'en suis allée
Par le portail rouillé.
J'ai revu les maîtresses, les maîtres, les amis, j'ai revu le préau, le cour et la chaufferie, mais mieux que tout cela, j'ai revu ces moments, ces temps où je jouais, j'apprenais, je riais, je pleurais, sans connaître l'Avant, sans connaître l'Après.)