pas tout à fait aléatoire, en effet, mon extrait, puisque depuis avant hier, j'envisageais de le faire découvrir à vos yeux ébahis. En fait, de lundi à jeudi, il n'a quasiment pas cessé de pleuvoir, et à un moment me sont revenus à l'esprit les bribes d'un poème que j'avais appris il y a sept ou huit ans. Je ne vous dit pas comme ça m'a agacé de ne pas réussir à m'en souvenir en entier. J'ai eu beau réfléchir, seuls quelques vers isolés se sont décidés à réapparaître. Pourtant, Dieu sait le temps qu'il m'avait fallu pour l'apprendre, ce poème ! Je ne pense pas me tromper en disant qu'il m'avait sûrement beaucoup déconcertée (je dis ça parce que je ne sais vraiment plus ce que j'ai pu pensé de ce poème quand je l'ai découvert). A l'époque, on m'avait fait apprendre du La Fontaine, du Hugo, du Prévert, mais du Queneau, jamais. En tout cas, je me rappelle que toute la classe était déroutée par ces répétitions à n'en plus finir, et qu'une fois sur l'estrade pour réciter, nous comptions tous sur nos doigts le nombre de fois que nous disions les expressions qui composent ce poème. Avec le recul, je pense que le maître a dû beaucoup se marrer...
Il pleut
Averse averse averse averse averse
pluie ô pluie ô pluie ! ô pluie ô pluie ô pluie
gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau gouttes d'eau
parapluie ô parapluie ô parapluie ô !
paragouttes d'eau paragouttes d'eau de pluie
capuchons pélerines et imperméables
que la pluie est humide et que l'eau mouille et mouille
mouille l'eau mouille l'eau mouille l'eau mouille l'eau
et que c'est agréable agréable agréable
d'avoir les pieds mouillés et les cheveux humides
tout humide d'averse et de pluie et de gouttes
d'eau de pluie et d'averse et sans un paragoutte
pour protéger les pieds et les cheveux mouillés
qui ne vont plus friser qui ne vont plus friser
à cause de l'averse à cause de la pluie
à cause de l'averse et des gouttes de pluie
des gouttes d'eau de pluie et des gouttes d'averse
cheveux désarçonnés cheveux sans parapluie
Raymond Queneau